Jocker.
Le vent frappe à la fenêtre, je le rejette. C'est pas que j'aurais pas envie, de m'enfuir avec lui, mais. Au-delà de toutes les possibilités matérielles, y'a l'âme trop frêle qui se rebelle. Et comme le ciel reste gris, malgré tout, j'attends. La tombée de la nuit, et les routes gelées. Les chevilles qui se brisent de trop s'être pressées. A s'éloigner. Sans savoir si ça sauve vraiment, les grands départs en silence. L'absence. Vagabonder les rues sous l'ombre vacillante de la folie qui me traque, j'ai le coeur qui s'écorche de trop vouloir être ailleurs. Que dans ce corps honni. Vomi. D'espérer des jours meilleurs. Quand l'après n'est qu'un interminable jamais, pailleté de mauvaise foi. J'ai les dents qui grincent, j'voudrais bien les deserrer pour pouvoir hurler, mais l'écho de ma solitude me vrille déjà les tympans, je sais, que ça irait se perdre quelque part vers nul part, où l'infini se sépare, et j'ai pas la force, de perdre encore de moi. De m'imposer encore plus de vide. De larmes insipides d'avoir trop coulé. Devenues rien qu'une décoration ratée sur mes joues. Le mauvais architecte de mon existence rit dans mon dos, et me pousse toujours plus loin dans le labyrinthe sans issue qu'il a façonné pour moi. Et moi j'y vais. Puisque me retourner serait avouer que j'ai la possibilité de tout recommencer. Faire demi-tour, et. Ne rien effacer. Mais repasser. Recolorer. Ressuciter. Les rêves en poussières qui me chatouillent les narines et crissent sous mes pieds. J'suis plus rien qu'une aveugle qu'a confiance que dans ce qu'elle peut pas voir. Ne pourra jamais voir. Et connaître. Alors j'aime l'inconnu et j'essaie d'oublier le reste, je peste, je reste, j'sais plus trop bien si le soleil se lève à l'est, ou sous terre, j'ai comme envie d'ouvrir les yeux. Pour voir quoi ? Rien que les néants des jours nocturnes passés à rêver, lassée de mes excès et de mes pas assez, de mes pas pas assez confiants, de mes faux-fuyants. J'attends la prochaine marée basse, et j'irai cueillir la lune pour l'enfermer dans un cercueil en feuilles de saule pleureur, j'attendrai qu'elle meurt, et puis je baiserai avec fièvre et frivolité sur un tapis de braises, au pied d'un volcan beau-parleur. Pour me porter malheur. Je serai dingue et avec un flingue je percerai des trous dans mon coca pour y faire des remous et croire en la magie. Puisqu'ici, y'a rien que l'ennui, qui s'épaissit, s'alourdit, m'asphyxie, et j'ai comme un incendie dans la poitrine, ça me turlupine, je trouve pas les extincteurs. Ils sont à l'extérieur. Mon enfantine s'est sauvé avec ma muse, mutine, à l'issue d'une ruse obtuse, mais j'ai rien vu venir, j'l'ai ai laissées partir, j'lai ai regardées s'enfuir. Maintenant je m'amuse, fais mumuse, sur mon clavier qui clapote, et je crapote mes clopes que j'embrase, écrase, telles des cloportes puis je claque la porte.