Secrets.

Devant l'écran. Fumer cigarette sur cigarette.
J'ai chaud, si chaud, et je ne comprends pas pourquoi j'ai quand même froid.
Perdue.
J'ai fermé les volets, pour oublier le jour et la nuit. Je serai mon soleil et ma lune, désormais. Alors, plus besoin de dormir. Je pourrai vivre, au-delà des mots. Au-delà de moi.
Puisque je sais bien que. Je ne serai jamais la fille du miroir. Celle que je commence à haïr, et qui porte mon nom.
J'ai les lèvres sèches. Mais rien n'étanche ma soif.
Parfois. Se retrouver au coin de leurs sourires. Et puis, l'instant se meurt, éphémère. Comme si. M'éveiller de mes désillusions.
Alors. Chercher encore. Mourir encore. Pour essayer d'apprendre à vivre.
Et faire comme si, toujours. Comme si j'étais elle, et qu'elle était moi. Et qu'une fois mes volets fermés, nous étions toujours une.
Comme si. Personne ne saurait jamais. Que ce n'est qu'un vaste mensonge. Qu'une plaisanterie de mauvais goût. Et que derrière ses sourires, petite fille a mal.
Peut-être que j'ai pas vraiment envie de pleurer. Peut-être que je n'ai pas vraiment peur. Peut-être que je ne me sens pas vraiment seule à en crever.
Mais alors.
Je ne sais pas. Et ces mots qui ne sont plus les miens. Qui ne l'ont jamais été.
Ou alors. Il y a très longtemps.
Quand j'y croyais encore. A la magie de mes dix doigts.
Quand j'espérais trop fort. Valoir quelque chose.
Quand je gardais mes rêves bien au chaud, abrités au coin de mon coeur. (Avant qu'ils ne s'envolent).
Et maintenant. Je me souviens d'eux, mais j'évite. Parce que ça fait mal. De savoir que je les ai abandonnés en cours de route, parce qu'ils pesaient trop lourd. Et que je ne me sentais pas la force de les aimer encore, sans finir par en mourir.
(Je voudrais fermer les yeux).
Gorge qui brûle. Le fumée qui étouffe. Le cendrier plein à ras bord. Le paquet de cigarettes presque vide.
Et moi, devant l'écran.
J'attends. (La folie, ou la guérison. Celle qui viendra le plus vite).
Je m'abandonne.
J'entends. Le froissement du rideau de velour pourpre, qui s'apprête à tomber. Qui annonce la fin du spectacle.
(Le mien).